De vieux loups étiques en décousent pour des poulets déjà morts

Le matin, la voiture tourne dans la savane. Les animaux soit-disant en liberté trainent leur ennui le long de la route, les plus dangereux d'entre eux sont pourtant bien séparés derrières des fossés, des grilles, des fils électriques, des câbles en acier et des grilles bien solides. Un éléphant pousse un pseudo ballon en tôle et son « clong » de bidon sonne comme un tocsin. Plus loin quelques hyènes silencieuses se protègent du soleil. Le rhinocéros se lève paresseusement, se rassoit aussitôt, il change de fesse. La boucle « savane » se termine, au loin quelques gnous paissent l'herbe rase.

De l'autre coté du mur, l'agriculture intensive laboure et arrose. Bien à l'écart des touristes qui se croient en Afrique, protégés par les hautes grilles, les tracteurs aux roues énormes, passent et repassent au loin dans la poussière. La production ne connait pas de dimanche.

Plus tard, l'animation pour les touristes bat son plein. On va donner à manger aux loups. Les enfants se précipitent, les loups accourent habitués. Quand les quelques mots d'explication s'arrêtent, l'excitation est palpable. La soigneuse est à la manoeuvre et tout le monde assiste, sous le crépitement des flashs, au repas des loups. Cet animal farouche chasse habituellement en meute, mais là on ne voit que le spectacle affligeant de quelques vieux loups étiques qui en décousent pour des carcasses de poulets déjà morts.

Les loups

Un peu avant, les lions n'avaient fait qu'une bouchée de leur gouter. Le lion « dominant » mettant à l'écart d'un simple rugissement le vieux lion fatigué pour lui voler son petit morceau de viande. À peine troublé par cette péripétie, il retourne ensuite à sa lionne favorite nous explique le soigneur.

Juste à coté, des lycaons, cet animal bizarre dont on se sait s'il est plutôt hyènes, plutôt loup ou beaucoup chien, les lycaons donc, se serreront la ceinture aujourd'hui. La livraison n'est pas arrivée. Ce sera donc jour de jeûne.

A l'autre bout du parc, des otaries rieuses éclaboussent tout le monde. Elles ont eut plein de harengs, leur plat préféré. Elles jouent, batifolent et pendant quelques instants les familles attroupées ont un beau sourire collectif.

A la fin de la journée, les touristes fourbus regagnent leurs pénates. Demain, il faudra se lever tôt pour aller travailler.

La passerelle qui surplombe les lions, les lycaons, les otaries et les loups est déserte. Le manège reprendra dimanche prochain.