Villeneuve

« La Villeneuve brule », « Saint-Aignan s’enflamme », « nouvelles poussées d’ultraviolence », … les médias s’enflamment c’est sûr et les titres racoleurs attisent le goût du sang et le voyeurisme de la bête qui est en nous.

Maquette Villeneuve Wikicommons Vue Villeneuve par Google

Pourtant ces deux événements que les coïncidences de l’actualité font se télescoper dans les petites lucarnes ont manifestement un point commun : l’illégitimité de la police.

Dans les deux cas, c’est l’esprit –si j’osais je dirai l’essence même – des forces de l’ordre qui est remise en cause. On voit bien que ce qui peut paraitre « normal » pour une part[1] de la population : un malfaiteur[2] tué par les forces de l’ordre prend tout de suite des proportions dramatiques pour les « groupes d’appartenance ». Ces groupes présupposent (souvent d’expérience) que la police, la gendarmerie, les forces de l’ordre n’ont pas fait preuve de la retenue, de la délicatesse, du tact et de la mesure nécessaire dans l’exercice de leur mission.

Ces forces de l’ordre ne paraissent pas, a priori, légitimes et, a priori, on ne leur concède pas le bénéfice du doute. S’il y a eu un acte grave, a fortiori, un drame c’est forcément une bavure.

Ces deux événements récents montrent que pour certains groupes, les forces de l'ordre interviennent de manière systématiquement, à leurs yeux, anormale et qu'il est légitime de les contester.

Quand cette intervention amène à la mort d'un homme, la question mérite en tout cas d'être posée sans pour autant excuser quelques violences que ce soient. Mais il est vrai que les discours crispés et les méthodes martiales ne favorisent pas le retour à l'ordre. Je serai curieux de savoir dans quelle mesure une déclaration d'une ministre de la justice venue sur place pour déclarer l'ouverture d'une enquête indépendante par la nomination d'un juge, aurait plus apaisé une population à vif et quelques jeunes qui cherchent tout prétexte pour "en découdre" comparée aux effets d'annonce de l'envoi d'inspecteur du fisc pour faire la chasse aux fraudeurs. Question de stratégie à l'évidence ! Si on veut la paix pourquoi ne pas avoir un discours apaisant ? Un discours ferme rappelant la nécessité de l'ordre mais aussi une parole humaine parce que, quoi qu'il en soit, un homme est mort. Et même si, comme on nous le répète à l'envi, ce n'était pas un saint, ses proches, ses amis, sa famille sont tristes. Il n'est pas d'homme qui mérite de mourir.

Notes

[1] « il l’a quand même cherché » entend-on parfois dans les cafés du commerce

[2] présumé, innocent jusqu’à ce qu’un tribunal en ait décidé