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mardi 3 février 2009

Car c’est l’éducation qui menace les princes !

Vu sur le site des "Rased en lutte"[1]

Repris notamment sur le blog de Saint-Nazaire ou celui de Michel Moine


LE PRESIDENT

Entrez-donc mon ami et venez prendre place,
Afin de me conter ce qui vous embarrasse.
La réforme est lancée, elle avance à grands pas,
Mais je vois bien qu’à tous celle-ci ne plait pas.
Aussi voudrais-je entendre de votre propre bouche
Pourquoi les enseignants prennent ainsi la mouche.

LE MINISTRE

Mon bienfaiteur et Prince ne vous alarmez point,
Voyez comme en ces temps je sais rester serein.
J’ai fait ce qu’il fallait et fait preuve d’audace.

LE PRESIDENT

Allez contez moi donc je ne tiens plus en place.

LE MINISTRE

J’ai d’abord, pour vous plaire, modifié les programmes
Pour faire des élèves des besogneux sans âme.
Ils se feront gaver du matin jusqu’au soir
Et n’auront plus de sens à donner au savoir.
Voilà qui nous fera des citoyens dociles,
Qui ne s’attacheront qu’à des choses futiles.

LE PRESIDENT

Fort bien, les programmes sont un bel artifice,
Pour manœuvrer les gens non sans quelque malice.
Voyez ce que je fis pour prendre le pouvoir,
Promettant des réformes, n’en disant que très peu,
Pour qu’une fois reçu l’aval des isoloirs,
Je puisse me sentir libre et faire ce que je veux.
Mais veuillez donc poursuivre votre plan de disgrâce,
Car je veux tout savoir.

LE MINISTRE

Voilà ce qui se passe :
Je commence par rayer en trois ans les RASED
Et pour tromper les gens sur le maintien de l’aide
Je laisse aux enseignants l’entière liberté
De s’occuper tous seuls de la difficulté.
Ils auront pour cela comme unique bagage
La chance de pouvoir faire quelques journées de stage.
J’ai enlevé deux heures d’école par semaine
Mais évidemment pas pour ceux qui mal apprennent.
On dit la journée de trop longue durée
Qu’il faudrait réformer notre calendrier
Et moi je vous dis qu’il en faut d’avantage
Et qu’il faut les forcer même jusqu’au gavage.

LE PRESIDENT

C ‘est à n’en point douter une idée fort plaisante,
Le mérite sera la seule valeur payante.

LE MINISTRE

Pour ceux qui veulent apprendre de maître le métier
Je les envoie le faire à l’université.
Voyez l’inanité d’une bonne formation
Nous qui n’avons besoin que d’agents et de pions !
Cela vous plait-il ?

LE PRESIDENT

Assurément je pense,
Mon humeur est ravie et elle est d’importance
Car c’est elle qui règle le cours de mes pensées
Qui font toujours écho à l’actualité.
Mon caprice me met dans des emportements,
J’ai des mots qui ne sont plus ceux d’un Président,
Je flatte ce qu’il faut des instincts les plus bas,
Parle plus en mon nom qu’en tant que chef d’état,
Sur toutes mes idées je veux qu’on légifère
Et ne supporte pas qu’on m’empêche de le faire.
Des médias je me sers et grâce à mon emprise
Ils me suivent au mieux dans toutes mes entreprises,
Enfin, si j’utilise les services de la presse
C’est parce qu’aux yeux de tous il faut que je paraisse.
Mais contez-moi encore votre train de mesures.

LE MINISTRE

De l’école en danger j’augmente la fêlure :
Il existe des classes que l’Europe nous envie
Accueillant les plus jeunes des enfants du pays.
Il serait opportun de les faire disparaître
Pour affecter ailleurs ce réservoir de maîtres
Qui ne font de leur temps que des couches changer
Et ne connaissent point les joies de la dictée.
Des enseignants en moins réduiraient nos dépenses
Et il n’y aurait plus de maternelles en France !
Afin de remplacer les absences des maîtres
Avec tous ceux qui veulent, une agence va naître.
Si celui qui remplace se trouve être plombier,
La chaudière de l’école il pourra réparer,
S’il est mécanicien et connait son affaire
Les voitures des collègues il pourra bien refaire,
Et si par de la chance il se trouve enseignant
Il pourra prendre en charge d’une classe les enfants !

LE PRESIDENT

Je reconnais bien là votre astuce admirable
Et votre esprit retors qui ne se sent coupable !
Cette école qui veut faire des citoyens
Il faut qu’à l’avenir elle n’en fasse rien !
Œuvrez donc mon ami, la tâche n’est pas mince
Car c’est l’éducation qui menace les Princes !

Notes

[1] Je ne sais pas qui est cette Z mais son comportement ne me semble pas correct !

samedi 20 décembre 2008

La Cour des comptes publie un rapport "Les communes et l'école de la République"

Le rapport à lire sur le site de la Cour des comptes ou ici (format pdf, 144 pages, 460 Ko)

Logo Cour des comptes

A lire aussi : la synthèse et le communiqué de presse dont voici un extrait :

Les principales conclusions peuvent être regroupées autour de quatre constats qui conduisent à formuler plusieurs recommandations.

1 - Les actions communales au bénéfice de l’école sont rarement mises en cohérence de manière explicite dans une politique éducative. Leur coût est difficilement chiffrable.

La Cour considère qu’il est indispensable de connaître, aussi précisément que possible, le contenu, le coût et les modalités de financement des politiques éducatives locales afin d’être en mesure de corriger, le cas échéant, les écarts entre les collectivités susceptibles de mettre en cause les principes d’égalité et de gratuité qui sont au cœur de l’école républicaine.

La création d’un observatoire des politiques éducatives locales pourrait constituer un premier élément de réponse. L’Etat doit par ailleurs pouvoir exiger des communes les informations statistiques, budgétaires et comptables nécessaires à un suivi satisfaisant.

2 - Dans les territoires ruraux, l’école est souvent devenue intercommunale de fait. Le développement de l’accompagnement éducatif, des activités péri et extrascolaires, mais aussi des services annexes comme la restauration scolaire, est inséparable du débat sur l’intercommunalité, tant il est vrai que les petites communes ne pourront pas organiser et financer seules les prestations et services liés à l’école.

Il convient donc d’encourager la prise en charge et l’exercice effectif de la compétence scolaire dans le cadre intercommunal le plus adapté, chaque fois que le territoire scolaire pertinent ne correspond pas au territoire communal.

3 - Les relations entre l’éducation nationale et les communes sont marquées par le rôle de plus en plus important joué par ces dernières dans le champ éducatif. Une amélioration des processus d’échange d’information et une concertation préalable approfondie sont devenues indispensables.

La bonne articulation des compétences de l’Etat et les communes implique l’existence, au niveau de l’école ou d’un groupe d’écoles, d’un interlocuteur au sein de l’administration de l’éducation nationale formé au dialogue avec les autorités territoriales et investi d’une réelle responsabilité administrative.

4 - Les moyens dont disposent les collectivités locales et les priorités qu’elles donnent à leur action sont très divers. Il faut donc veiller à ce que l’autonomie des collectivités territoriales reste compatible avec le principe d’égalité et de gratuité du service public.

La définition, en concertation avec les organisations représentatives des élus des collectivités locales, d’un « cadre de référence » des moyens à mettre en œuvre pourrait contribuer à garantir ces principes fondateurs de la République.

Vus dans la presse :