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samedi 16 octobre 2010

La pédagogie au flash-ball

Communiqué de la ligue des droits de l'homme (LDH) : Logo_LDH

Depuis plusieurs jours, les représentants de l’actuelle majorité parlementaire orchestrent une véritable campagne de dénigrement de la jeunesse de ce pays.

Les jeunes lycéens seraient trop stupides ou immatures pour avoir compris quoi que ce soit à la « réforme » des retraites, ils ne songeraient qu’à la paresse ou à la violence, ils seraient manipulables comme des enfants de cinq ans… et les sujets qui font pourtant l’objet de leurs cours d’éducation civique ne seraient pas de leur âge. Il n’est pourtant pas très difficile de comprendre l’inquiétude d’une génération constamment stigmatisée comme violente voire dangereuse, qui est confrontée à la perspective de longues années de stages et de petits boulots avant d’accéder à un emploi digne de ce nom et qui sait que l’obligation, pour ses aînés, de s’user plus longtemps au travail signifie aussi, pour elle, autant d’emplois en moins dans un très proche avenir.

Mais, décidément, ces gouvernants n’aiment ni ne connaissent la jeunesse de leur pays. Après le mépris, l’épreuve de force : la journée du jeudi 14 octobre a été marquée par une série de provocations et de graves incidents à l’entrée des établissements scolaires, la réponse à la mobilisation des lycéens étant apparemment le déclenchement d’opérations « musclées » des forces de police. A Montreuil, ville dans laquelle un manifestant avait déjà été gravement blessé en 2009 dans des conditions que la CNDS a considérées comme contraires aux règles légales et déontologiques applicables à la police, un lycéen a été blessé à l’œil par un tir de flash-ball. Et dans de nombreuses villes l’emploi de la force est manifestement disproportionné, comme s’il fallait créer des incidents pour justifier la campagne de dramatisation politicienne du début de la semaine.

La Ligue des droits de l’Homme observe que ce choix du passage en force pour imposer une « contre-réforme » qui met en danger le droit à la retraite des plus fragiles confirme l’indivisibilité des libertés et des droits sociaux : ceux qui s’attaquent aux seconds menacent aussi les premières. Elle n’en appelle que plus résolument les citoyens à manifester demain 16 octobre à la fois leur opposition à la casse de notre système de retraites et leur refus de la « politique du pilori » anti-étrangers, anti-Roms et, spécialement ces jours-ci, « anti-jeunes ».

Paris, le 15 octobre 2010.

lundi 24 mai 2010

" L'éducation nationale face à l'objectif de la réussite... "

Le rapport de la Cour des comptes à lire !

Format pdf, 216 pages, 873 Ko sur le site de la Cour des comptes

Extraits :

Un modèle inadapté

Alors que le code de l’éducation, dès son premier article, affirme que « le service public d'éducation est conçu et organisé en fonction des élèves», ce postulat ne se vérifie pas dans les faits. Dans son organisation actuelle, l’enseignement scolaire reste encore principalement fondé sur un modèle qui était adapté à une période où seule une minorité d’une classe d’âge - 20% en 1970 - suivait tout le parcours de l’enseignement scolaire et obtenait le baccalauréat. Il tend, de ce fait, à privilégier les élèves sans difficultés particulières, c’est-à-dire ceux qui seront bacheliers à la sortie du système scolaire et poursuivront des études supérieures, soit seulement un peu plus de la moitié de chaque classe d’âge.

(...)

Les limites des réformes successives

Tributaire d’une organisation inadaptée aux nouveaux enjeux éducatifs, l’enseignement scolaire n’a pas su réellement intégrer les missions de suivi et d’aide des élèves. Ceci explique que, malgré des réformes multiples, une part importante d’entre eux, souvent issus de milieux sociaux défavorisés, reste exclue de la réussite.

En définitive, c’est moins en raison des réformes ministérielles que grâce à l’implication personnelle des enseignants et des autres agents de l’éducation nationale que les politiques éducatives peuvent aujourd’hui se concrétiser au plus près des besoins des élèves. C’est le recours à l’imagination et aux bonnes volontés, ainsi qu’éventuellement à un aménagement parfois peu réglementaire du service des enseignants, qui permet au système scolaire de fonctionner en dépit de ses contraintes et de ses rigidités. Cet état de fait démontre le dévouement remarquable des acteurs de l’enseignement scolaire, mais il révèle également une faiblesse majeure du système éducatif : la réussite d’un élève dépend en partie de l’établissement où il est affecté et des enseignants qui le prennent en charge, ce qui constitue un puissant facteur d’inégalité.