La virginité «qualité essentielle de la personne» ?

Je m'associe pleinement au tollé que provoque la décision du tribunal de grande instance de Lille d'annuler le mariage d'une jeune femme au motif qu'elle aurait menti sur sa virginité. Cette décision est[1] choquante, atterrante, scandaleuse, honteuse, consternante, ... et pitoyable.

Je ne comprends pas que l'on puisse en droit et de manière réfléchie donner raison à un homme qui arguait d'avoir été « sous l’emprise d’une erreur objective »erreur qui aurait été « déterminante dans son consentement ».

Le billet de Maître Eolas, comme d'habitude, ramène à la raison juridique. Mais c'est sur le fond que la question se pose, même si le juge a raison est il acceptable en 2008 que l'absence de virginité puisse constituer un argument juridiquement valable ?

J'entends la réponse de Maître Eolas, "Le juge est lié par ce choix : art. 4 du CPC"[2], mais peut être est sur ce point qu'il conviendrait réfléchir. Le droit peut-il, doit-il tout entendre n'y a t il pas n'y aurait il pas dans des cas comme celui là la possibilité de se dire incompétent ?

Je veux conclure sur une note positive[3]. Que la défense des femmes, dans un contexte social troublé, soit encore toujours l'occasion de polémiques enflammées est rassurant.

Défendre les femmes, leurs droits, le respect qui leur est dû, c'est garantir pour nous tous une société plus juste et plus équitable.

A lire aussi, le communiqué de la Ligue des droits de l'homme (LDH) :

En annulant un mariage à la demande d’un mari car sa femme n’est pas vierge, la justice a rendu une décision discriminatoire.

Quelle que soit la volonté des époux, ni la loi, ni la jurisprudence ne peuvent consacrer ce symbole de la domination masculine.

Au-delà des interprétations juridiques, au-delà des adhésions personnelles à une foi ou à une philosophie, il n’appartient pas à la justice de la République de cautionner une atteinte au principe d’égalité entre hommes et femmes.

Notes

[1] réactions à lire sur Libération

[2] in commentaire n°14 du billet déjà cité

[3] à toute chose malheur est bon dit l'adage populaire