La vague rose

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Les élections municipales ne sont pas encore passées que l'on nous annonce déjà une « vague rose ».

Cette vague n'est pas bonne pour la démocratie.
Cette vague rose n'est pas bonne pour le parti socialiste !

Je ne souhaite bien entendu pas la défaite des socialistes, je ne regrette pas d'avance la victoire des candidates et des candidats de gauche, je ne souhaite pas que des villes, des communes basculent à droite, je me réjouis que plusieurs villes et communes (toutes importantes pour leurs habitants) trouvent ou retrouvent un premier magistrat proche de mes idées et en aucune façon je n'espère un bon score de la droite à ces élections locales. Mais, il me semble que les effets de vagues, les retours de balanciers ne sont pas bénéfiques.

Il y a quelques semaines encore, le parti socialiste était considéré comme moribond. En panne d'idées, en manque de leader, en conflit entre les personnes, d'aucun pariaient même sur sa disparition. Un congrès même rapide ne pourrait pas lui redonner une légitimité d'opposant et ses chances de reprendre le pouvoir n'était évoquées que pour l'horizon 2012 au moins !

Il y a fort à parier que le 16 mars au soir (le 9 au soir sans doute déjà) le discours sera tout autre. Nous nous féliciterons – à juste titre bien souvent- d'avoir gardé à gauche ou repris à la droite de nombreuses communes. Bien des leaders locaux revendiqueront la pertinence de leur analyse et la justesse de leurs stratégies. Les sourires seront sur tous les visages et les plateaux de télé seront le théâtre de « pavanes » et autres danses du « scalp ». Les maires fraîchement élus ou réélus se revendiqueront de tous leurs administrés. Et les petits potentats locaux réaffirmeront, sans même un mot à leurs cours respectives, la hauteur de leur prestige et la légitimité de leur stature.

Bien sur, cette élection n'aura été une élection que locale où les enjeux nationaux auront été absents. La dégringolade vertigineuse de ns[1] dans l'opinion n'y aura été pour presque rien ! Je remarque au passage, avec effarement (comme de nombreux commentateurs) que notre omniprésident aura réussi l'exploit surprenant de donner en quelques mois à peine une impression et une image de fin de règne. Croire que le prévisible désaveu massif des maires de droite et le score non moins massif des équipes de gauche ne soient le fruit que du rejet des politiques locales de droite ou de l'adhésion à l'excellence des projets de gauche est une erreur de jugement. Les enjeux nationaux ne font pas l'élection, la politisation ne bouleverse pas les équilibres mais le climat, l'ambiance générale favorisent la mobilisation d'un camp plus qu'un autre et le sentiment très largement partagé de devoir rééquilibrer les pouvoirs. Les élections régionales précédentes ont donné un bon exemple de ce mouvement d'opinion.

Pour autant, cette vague rose annoncée, comme la victoire éclatante des régionales, ne changeront pas la donne politique. Le PS avait, contrairement à ce que beaucoup disent, un projet politique, une doctrine et des instances représentatives. Il a toujours cette ligne directrice. Les socialistes avaient des graves dissensions internes qui trouvaient un relief particulier dans la cacophonie des expressions. Il continuera à avoir malgré cette victoire prévisible des querelles de personnes et des désaccords profonds.

Le retour de balancier présidentiel attendu en masquant les divergences internes et en flattant les égos des dirigeants retarde la nécessaire réforme en profondeur de notre parti. De manière plus générale, les victoires trop larges n'ouvrent pas les débats nécessaires. Et chaque camps à son tour pense avoir gagné quand ce ne sont que les adversaires qui ont perdus.

De plus, la personnalisation des directions des exécutifs contribue à faire croire qu'il y a des réponses justes, celles qui permettent d'être élu ou réélu. Certes, les politiques doivent être partisanes, la droite et la gauche c'est pas pareil, mais ces politiques ne devraient pas se situer dans des oppositions binaires, personnalisées et stériles : nous c'est bien, eux c'est mal ! Enfin, il faut sortir de la logique courtisane. Particulièrement visible à droite et au plus haut niveau de l'état, cette comédie monarchique où les courtisans flattent la clairvoyance et la détermination de leur suzerain est nuisible à une réelle démocratie. Le pouvoir du peuple ne peut, de doit pas être approprié, accaparé par quelques uns. Il nous faut retrouver plus de légitimité à notre modèle de démocratie représentative. Les pistes de réflexion lancées par Ségolène Royal avec les « jurys citoyens », les engagements maintes fois réédités de limite au cumul des mandats sont, parmi d'autres, des réformes nécessaires.

Faisons de la politique autrement, plus collectivement avec moins de culte des personnalités ; interdisons le cumul des mandats ; faisons participer nos concitoyens à toutes les étapes de la vie publique ; remettons les habitants au coeur des préoccupations ; réhabilitons l'éthique de l'engagement.

Notes

[1] névrosé spectaculaire

Commentaires

1. Le mardi 4 mars 2008, 15:41 par nadoz

Tu connais Arthur Richier ?

2. Le vendredi 14 mars 2008, 17:13 par Luc

@ nadoz
à 86 ans, le jeune Arthur a été réélu avec 36 voix sur les 42 suffrages exprimés. Il entame donc son 11ème mandat !

Voir :
http://www.interieur.gouv.fr/sections/a_votre_service/resultats-elections/MN2008/004/004085.html

et
http://fr.wikipedia.org/wiki/Faucon-du-Caire