ePitrerie et pitoyable

Coup de gueule et désespoir

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lundi 1 décembre 2008

Enfants raflés à l'école

Une première en Isère : des enfants raflés à l'école

Hier[1] s'est produit un fait très grave à l'école du Jardin de Ville, à Grenoble. A 15h45, un père de quatre enfants (un moins de trois ans, deux scolarisés en maternelle et un en CE1 à l'école du Jardin de Ville) est venu, accompagné de deux policiers en civil, chercher ses enfants, pour "un rendez-vous en préfecture", ont compris les enseignants.
A 19h, on apprenait que la famille au complet était au centre de rétention de Lyon.

Ils y ont dormi. Ils étaient injoignables hier soir. On a réussi à les joindre tôt ce matin aux cabines téléphoniques du centre de rétention (qui, rappelons-le, est une prison). Ils étaient paniqués. On a prévenu le centre que la CIMADE, seule association ayant le droit d'entrer dans les centres de rétention, irait voir la famille ce matin. Arrivés au centre, les militants de la CIMADE les ont cherchés, sans succès : la famille était en route pour l'aéroport, leur avion décollant une demi-heure plus tard.

Nous n'avons rien pu faire, nous attendions que les militants de la Cimade comprennent la situation de la famille, afin de pouvoir les aider en connaissance de cause. Ils ont été expulsés ce matin.

Leurs chaises d'école resteront vides.

C'est une première en Isère : la traque des étranger-e-s pénètre dans les écoles.

Les seuls enfants en situation irrégulière sont ceux qui ne sont pas à l'école.

Nous vous demandons de bien vouloir faire circuler cette information le plus largement possible. Personne ne doit pouvoir dire "on ne savait pas".

Merci,
Emmanuelle, pour le Réseau éducation sans frontières 38

Notes

[1] vendredi 28 novembre 2008

lundi 24 novembre 2008

La journée d'Enzo ou l'école de demain... 3 septembre 2012

Une fiction anonyme reçue par émail :

Enzo est assis à sa place, parmi ses 32 camarades de CP. Il porte la vieille blouse de son frère, éculée, tâchée, un peu grande. Celle de Jean-Emilien, au premier rang, est toute neuve et porte le logo d'une grande marque.

La maîtresse parle, mais il a du mal à l'entendre, du fond de la classe. Trop de bruit.

La maîtresse est une remplaçante, une dame en retraite qui vient remplacer leur maîtresse en congés maternité. Il ne se souvient pas plus de son nom qu'elle ne se souvient du sien. Sa maîtresse a fait la rentrée, il y a trois semaines, puis est partie en congés.

La vieille dame de 65 ans est là depuis lundi, elle est un peu sourde, mais gentille. Plus gentille que l'intérimaire avant elle. Il sentait le vin et criait fort. Puis il expliquait mal.
Du coup Enzo ne comprend pas bien pourquoi B et A font BA, mais pas dans BANC ni dans BAIE ; ni la soustraction ; ni pourquoi il doit connaître toutes les dates des croisades.

On l'a mis sur la liste des élèves en difficulté, car il a raté sa première évaluation. Il devra rester de 12 à 12h30 pour le soutien.

Sans doute aussi aux vacances.
Hier, il avait du mal à écouter la vieille dame, pendant le soutien ; son ventre gargouillait. Quand il est arrivé à la cantine, il ne restait que du pain. Il l'a mangé sous le préau avec ceux dont les parents ne peuvent déjà plus payer la cantine.
Il a commencé l'école l'an dernier, à 5 ans. L'école maternelle n'est plus obligatoire, c'est un choix des mairies, et la mairie de son village ne pouvait pas payer pour maintenir une école.
Son cousin Brice a eu plus de chance : il est allé à l'école à 3 ans, mais ses parents ont dû payer.
La sieste, l'accueil et le goûter n'existent plus, place à la morale, à l'alphabet ; il faut vouvoyer les adultes, obéir, ne pas parler et apprendre à se débrouiller seul pour les habits et les toilettes : pas assez de personnel.

Les enseignants, mal payés par la commune, gèrent leurs quarante élèves chacun comme une garderie. L'école privée en face a une vraie maternelle, mais seuls les riches y ont accès.

Mais Brice a moins de mal, malgré tout, à comprendre les règles de l'école et ses leçons de CP. En plus, le soir il va à des cours particuliers, car ses parents ne peuvent pas l'aider pour les devoirs, ils font trop d'heures supplémentaires.
Mais Enzo a toujours plus de chance que son voisin Kévin : il doit se lever plus tôt et livrer les journaux avant de venir à l'école, pour aider son grand-père, qui n'a presque pas de retraite.
Enzo est au fond de la classe. La chaise à côté de lui est vide. Son ami Saïd est parti, son père a été expulsé le lendemain du jour où le directeur (un gendarme en retraite choisi par le maire) a rentré le dossier de Saïd dans 'Base Élèves'. Il ne reviendra jamais.

Enzo n'oubliera jamais son ami pleurant dans le fourgon de la police, à côté de son père menotté. Il paraît qu'il n'avait pas de papiers...

Enzo fait très attention : Chaque matin il met du papier dans son cartable, dans le sac de sa maman et dans celui de son frère.
Du fond, Enzo ne voit pas bien le tableau. Il est trop loin, et il a besoin de lunettes. Mais les lunettes ne sont plus remboursées. Il faut payer l'assurance, et ses parents n'ont pas les moyens.

L'an prochain Enzo devra prendre le bus pour aller à l'école. Il devra se lever plus tôt. Et rentrer plus tard. L'EPEP (établissements publics d'enseignement primaire) qui gère son école a décidé de regrouper les CP dans le village voisin, pour économiser un poste d'enseignant.
Ils seront 36 par classe. Que des garçons.
Les filles sont dans une autre école.
Enzo se demande si après le CM2 il ira au collège ou, comme son grand frère Théo, en centre de préformation professionnelle. Peut-être que les cours en atelier seront moins ennuyeux que toutes ces leçons à apprendre par cœur.
Mais, sa mère dit qu'il n'y a plus de travail, que ça ne sert à rien.
Le père d'Enzo a dû aller travailler en Roumanie, l'usine est partie là-bas. Il ne l'a pas vu depuis des mois. La délocalisation, ça s'appelle, à cause de la mondialisation.

Pourtant la vieille dame disait hier que c'est très bien, la mondia-lisation, que ça apportait la richesse. Ils sont fous, ces Roumains !

Il lui tarde la récréation. Il retrouvera Cathy, la jeune sœur de maman. Elle fait sa deuxième année de stage pour être maîtresse dans l'école, dans la classe de monsieur Luc. Il remplace monsieur Jacques, qui a été renvoyé, car il avait fait grève. On dit que c'était un syndicaliste qui faisait de la pédagogie.
Il y avait aussi madame Paulette en CP ; elle apprenait à lire aux enfants avec des vrais livres ; un inspecteur venait régulièrement la gronder ; elle a fini par démissionner.

Cathy a les yeux cernés : le soir elle est serveuse dans un café, car sa formation n'est pas payée. Elle dit : « A 28 ans et un bac +5, servir des bières le soir et faire la classe la journée, c'est épuisant. »

Surtout qu'elle dort dans le salon chez Enzo, elle n'a pas assez d'argent pour se payer un loyer.
Après la récréation, il y a le cours de religion et de morale, avec l'abbé Georges. Il faut lui réciter la vie de Jeanne d'Arc et les dix commandements par cœur. C'est lui qui organise le voyage scolaire à Lourdes, à Pâques. Sauf pour ceux qui seront convoqués pour le soutien …

Enzo se demande pourquoi il est là.
Pourquoi Saïd a dû partir.

Pourquoi Cathy et sa mère pleurent la nuit.

Pourquoi et comment les usines s'en vont en emportant le travail.
Pourquoi ils sont si nombreux en classe.
Pourquoi il n'a pas une maîtresse toute l'année.

Pourquoi il devra prendre le bus.
Pourquoi il passe ses vacances à faire des stages. Pourquoi on le punit ainsi.

Pourquoi il n'a pas de lunettes.
Pourquoi il a faim.

samedi 8 novembre 2008

"Veille de l'opinion dans les domaines de l'enseignement, de la recherche et de l'enseignement supérieur"

A lire sur : Fabula.org

Qui a dit Big Brothers ?!

jeudi 23 octobre 2008

On rase les Rased

Non à la suppression pure et simple de 3000 professionnels des Réseaux d'Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté (Rased[1]) ! Cette mesure va priver des dizaines de milliers d'élèves des aides spécialisées.

Le site de la pétition nationale : Sauvons les Rased

Notes

[1] l'article Rased sur Wikipédia

samedi 18 octobre 2008

Josiane Nardi

Que dire ...

« Elle a dit : je vais les empêcher de l’emmener », raconte un témoin. Soudain, elle se jette dans sa voiture, garée devant la prison. En ressort avec une bouteille d’essence et un briquet. Sans que personne n’ait le temps de faire un geste, elle s’asperge. Les premiers témoins, dont notre confrère Jérôme Lourdais, tentent d’intervenir. Mais elle allume son briquet. Sérieusement blessé à la main, notre collègue la voit brûler, puis s’écrouler. Avec son confrère du Maine Libre et quelques passants affolés, il hurle à l’aide. Tambourine à la porte de la prison, qui reste close. Les témoins tentent d’éteindre les flammes avant l’arrivée des sapeurs-pompiers. « Je ne veux pas mourir, je veux voir Henrik », murmure Josiane Nardi. Pourquoi personne ne sort de la maison d’arrêt à ce moment ? « De l’intérieur, les policiers n’ont rien vu », répond le préfet." Josiane Nardi - c’est son nom -, est décédée aujourd’hui des suites de ses blessures.

A lire sur : http://www.plumedepresse.com/spip.php?article991

lundi 6 octobre 2008

Dexia no future

Vu sur le blog personnel[1] de Jean-Louis Bianco :

Dexia

Notes

[1] il en a un "officiel"

samedi 4 octobre 2008

Fichage, flicage, quand l' "initiative individuelle" débecte

Screenshot communiqué de presse

Communiqué de presse du conseil régional Rhône-Alpes, à télécharger au format pdf (1 page, 61 Ko)

Edvige enterré ? Pas vraiment…

Les RG mènent l’enquête sur les pratiques religieuses des agents des collectivités !

« Auriez-vous l'amabilité de m'indiquer si parmi votre personnel, vous avez des agents de confession autre que chrétienne. Dans l'affirmative pouvez vous me dire si certains d'entre eux ont demandé des aménagements d'horaires ou de service pour pratiquer leur religion. Cette étude est faite à la demande des maires de France. Merci de me répondre par mail. Cordialement. »

Voici le mail reçu par la Direction des Ressources Humaines de la Région Rhône-Alpes, le 16 septembre dernier, en provenance d’un agent de la Sous-Direction de l’Information Générale (SDIG) de la Direction Départementale de la Sécurité Publique du Rhône (DDSP, anciennement les Renseignements Généraux)

Abasourdis, les services de la Région ont recontacté la DDSP du Rhône pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’un canular. Après vérification, il s’agit bien d’une demande officielle !

La DDSP du Rhône a affirmé agir sous couvert d’une demande faite, selon elle, par l’Association des Maires de France, ce que cette dernière dément formellement. D’autres collectivités auraient également reçu les mêmes interrogations.

Cette demande remet au goût du jour le fichier Edvige, dont certaines prescriptions seraient abandonnées dans le projet de décret annoncé par le Gouvernement le 18 septembre dernier. Elle laisse supposer que la Région « ficherait » les confessions religieuses de son personnel, ce qui constituerait une pratique totalement illégale et contraire à la tradition républicaine.

Le Président de la Région Rhône-Alpes, Jean-Jack QUEYRANNE s’est adressé, le 26 septembre, à Madame Alliot-Marie, Ministre de l’Intérieur, de l’Outre-Mer et des Collectivités Territoriales et l’interroge publiquement sur cette enquête qu’il trouve choquante tant dans son principe que dans les modalités de sa mise en œuvre.

Alors que le nouveau projet de décret est à l’étude, les Renseignements Généraux constituent leurs fichiers, mais sous couvert de quel texte de loi ? Par ailleurs, est-il nécessaire de rappeler que cette demande, qui stigmatise une religion par rapport à une autre, porte gravement atteinte aux principes de non-discrimination ?

Sur son blog, le 12 septembre dernier Jean-Jack QUEYRANNE écrivait déjà à propos d’Edvige : « Le gouvernement ne peut se contenter de retoucher le décret à la marge en invoquant les exigences de la sécurité et du travail de la police. Nous sommes bien au-delà. Edvige pratique un bien curieux mélange des genres parce qu’il contient la menace d’une société de surveillance généralisée.».

A l’heure où, dans notre pays, les débats sur les libertés publiques et l’utilisation des données personnelles susceptibles de figurer dans les fichiers informatiques sont, à raison, particulièrement vifs, le Président de la Région Rhône-Alpes condamne cette pratique et demande au Gouvernement de clarifier sa position.

dimanche 7 septembre 2008

Abandonnez Edvige

http://nonaedvige.ras.eu.org/

Appel public à signatures

Pour obtenir l’abandon du fichier EDVIGE, instituant le fichage systématique et généralisé, dès l’âge de 13 ans, par la police des délinquants hypothétiques et des militants syndicaux, politiques, associatifs et religieux

Non à Edvige

Lire la suite...

vendredi 27 juin 2008

Faut-il classer Maître Eolas dans les blogs pro-Ana ?

Je fais partie des lecteurs réguliers du « Journal d'un avocat » mais je me demande si, en relayant ici les informations essentielles qu'il publie, je ne tomberais pas sous le coup de la future loi « visant à lutter contre les incitations à la recherche d'une maigreur extrême ou à l'anorexie, » !

Proposition d'article n° 223-14-2 du Code pénal : La propagande ou la publicité, quel qu'en soit le mode, en faveur de produits, d'objets ou de méthodes préconisés comme moyens de parvenir à une maigreur excessive ayant pour effet de compromettre directement la santé est punie de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 € d'amende.

En effet, vous recommander la lecture de ce blog est une apologie du vomissement. Je tiens donc à vous inviter à la lecture avec la plus grande prudence et vous la déconseille au moins avant le petit déjeuner au risque de ne pouvoir plus rien avaler.

Mais depuis qu'il est l'inspiration du très sérieux « Le Monde »[1] (l'édition de demain titre sur « Une assistante sociale dénonce un Sénégalais sans papiers à la police » directement inspiré du « Journal d'un avocat »), je me permets de nouveau de vous en recommander la visite. Les âmes sensibles et les «tendres du social » éviteront particulièrement :

Seules les « grandes âmes sèches » déploreront avec moi une droite dure qui déchire le contrat social, qui stigmatise toutes celles et ceux qui traversent des difficultés, qui oppose les gens entre eux, qui brade aux ploutocrates les ressources de tout un pays et qui s'adjuge, sans même payer, tous les moyens de communication.

On vit une époque formidable ! ... vraiment ?

Notes

[1] après l'avoir gentiment étrillé (Un peu de Monde-bashing ne fait jamais de mal)

vendredi 30 mai 2008

La virginité «qualité essentielle de la personne» ?

Je m'associe pleinement au tollé que provoque la décision du tribunal de grande instance de Lille d'annuler le mariage d'une jeune femme au motif qu'elle aurait menti sur sa virginité. Cette décision est[1] choquante, atterrante, scandaleuse, honteuse, consternante, ... et pitoyable.

Je ne comprends pas que l'on puisse en droit et de manière réfléchie donner raison à un homme qui arguait d'avoir été « sous l’emprise d’une erreur objective »erreur qui aurait été « déterminante dans son consentement ».

Le billet de Maître Eolas, comme d'habitude, ramène à la raison juridique. Mais c'est sur le fond que la question se pose, même si le juge a raison est il acceptable en 2008 que l'absence de virginité puisse constituer un argument juridiquement valable ?

J'entends la réponse de Maître Eolas, "Le juge est lié par ce choix : art. 4 du CPC"[2], mais peut être est sur ce point qu'il conviendrait réfléchir. Le droit peut-il, doit-il tout entendre n'y a t il pas n'y aurait il pas dans des cas comme celui là la possibilité de se dire incompétent ?

Je veux conclure sur une note positive[3]. Que la défense des femmes, dans un contexte social troublé, soit encore toujours l'occasion de polémiques enflammées est rassurant.

Défendre les femmes, leurs droits, le respect qui leur est dû, c'est garantir pour nous tous une société plus juste et plus équitable.

A lire aussi, le communiqué de la Ligue des droits de l'homme (LDH) :

En annulant un mariage à la demande d’un mari car sa femme n’est pas vierge, la justice a rendu une décision discriminatoire.

Quelle que soit la volonté des époux, ni la loi, ni la jurisprudence ne peuvent consacrer ce symbole de la domination masculine.

Au-delà des interprétations juridiques, au-delà des adhésions personnelles à une foi ou à une philosophie, il n’appartient pas à la justice de la République de cautionner une atteinte au principe d’égalité entre hommes et femmes.

Notes

[1] réactions à lire sur Libération

[2] in commentaire n°14 du billet déjà cité

[3] à toute chose malheur est bon dit l'adage populaire

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