Le gouvernement recule la publication des chiffres officiels faisant état d'une hausse du chômage

La question de Gaëtan Gorce lors de la séance du jour des questions au Gouvernement à l'Assemblée nationale :

Chiffres du chômage

M. Gaëtan Gorce – Messieurs les ministres de l’économie et de l’emploi, à trois mois de l’élection présidentielle, vous avez un devoir de vérité sur les chiffres du chômage. Régulièrement contestés, en raison notamment de l’augmentation du nombre de chômeurs radiés, ces chiffres sont vérifiés et validés chaque année par l’INSEE, conformément aux règles du BIT. Or, vous avez décidé que, cette année, les chiffres de l’INSEE seraient publiés non pas en février, mais à l’automne, soit bien après les échéances électorales ! (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste) Cette décision est grave. En effet, l’administration doit, en toute occasion, rester au service de l’intérêt général. A ce titre, les données qu’elle détient doivent être rendues publiques, en vue de parfaire l’information de l’opinion et de la rendre plus objective. En décidant de différer la publication du bilan réel du chômage, le Gouvernement procède à une véritable dissimulation de données, sans aucun doute parce qu’elles ne lui sont pas favorables et que le ministre candidat ne pourra pas s’en prévaloir.

Messieurs les ministres, pouvez-vous nier que – comme chaque année – l’étude de l’INSEE vise à recalculer les chiffres du chômage fournis par le Gouvernement ? Pouvez-vous contester que cette étude vous a forcés, l’an dernier, à recalculer à la hausse « vos » chiffres du chômage pour 2005 ? Pouvez-vous réfuter que la date de publication de l’étude de l’INSEE n’avait pas bougé depuis 1950 ? Pouvez-vous démentir que les chiffres que l’Institut s’apprêtait à publier vous auraient obligés à revoir à la hausse les résultats du chômage pour 2006 ?

Dans l’intérêt du débat démocratique et par respect du citoyen, la vérité, pour une fois, nous obligerait ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste)

M. Gérard Larcher, ministre délégué à l’emploi, au travail et à l’insertion professionnelle des jeunes - Vraiment, vous avez une vision de la vérité comme des Pyrénées, et vous passez sans vergogne d’un côté à l’autre… (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste) Au reste, je vous avais déjà entendu, lorsque le taux de chômage était de 10,2 % de la population active, discuter de la qualité du thermomètre ! Décidément, cela vous ennuie vraiment que nous ayons réduit de 360 000 le nombre des demandeurs d’emploi en 21 mois ! (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des députés communistes et républicains – applaudissements sur les bancs du groupe UMP) Avec Jean-Louis Borloo et l’ensemble du Gouvernement, nous luttons sans relâche contre le chômage… (Interruptions sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des députés communistes et républicains)

M. le Président – Calmez-vous !

M. le Ministre délégué – Et je n’accepte pas que l’on remette en cause le baromètre mensuel transmis par l’ANPE et la DARES…

Plusieurs députés socialistes – Tricheur !

M. le Ministre délégué – Eh bien, oui : le taux de chômage est passé de 10,1 % à 8,7 % à la fin novembre 2006. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP) Cette baisse est bien réelle… (« Non ! » sur les bancs du groupe socialiste) et le chômage continuera à reculer dans les temps qui viennent. Ce qui compte pour nous, c’est, quelles que soient les échéances électorales, que les Françaises et les Français qui en sont privés retrouvent au plus vite un emploi ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe UMP)


Cette interrogation est reprise dans Le Canard enchainé :
à la une du Canard enchainé
et reprise dans Le Monde dans un article intitulé : La décision de l'Insee de reporter la publication du nombre de sans-emploi crée une polémique