L’essentiel se joue en maternelle

Je découvre dans les nostalgies nantaises le blog de Christophe Clergeau[1], et c'est avec plaisir que j'ai lu son billet sur la sortie du dernier opus d'Eric Maurin : "La nouvelle question scolaire. Les bénéfices de la démocratisation". Je partage avec Christophe l'intérêt pour les thèses que défend Eric Maurin souvent à contre courant, d'une rigueur absolue et au bout du compte toujours passionnantes à lire. Merci Christophe de m'avoir envoyé à la librairie ;-)

Ci dessous un large extrait de son billet :

Les bénéfices de la démocratisation scolaire

Eric Maurin s’est fait connaître en 2002 par un libre "l’égalité des possibles" qui a fortement influencé le débat à gauche (et le titre de ce blog). Il publie aujourd’hui "la nouvelle question scolaire : les bénéfices de la démocratisation" qui s’en prend frontalement, et avec bonheur, aux thèses déclinistes et malthusiennes qui tendent à discréditer l’école de la République et l’objectif politique d’élévation générale du niveau de formation.

Pour Éric Maurin, la démocratisation de l’école n’a pas induit une baisse du niveau du bac ou dévalorisé les diplômes, ni creusé le fossé entre les élites et les autres. Non, l’illettrisme ne progresse pas, même si tout ne va bien au pays de l’orthographe. Mais le rapport Thélot sur l’école prédisait déjà aux nostalgiques la fin d’une prétendue époque dorée de l’école où le bac était merveilleux... En la matière, selon Éric Maurin, l’essentiel se joue en maternelle, qui mérite donc moyens et attentions.

Non, le niveau du bac n’a pas baissé. Il est au contraire une clé d’insertion professionnelle. Non, les jeunes ne sont pas plus incultes que leurs aînés. Au contraire : le niveau scolaire monte. Non, les étudiants ne doivent pas être sélectionnés à l’entrée de l’université mais mieux accompagnés avant de s’engager dans des études longues. Non, la formation dispensée aux futurs enseignant n’est pas défaillante, mais leur recrutement et leur carrière pourraient mieux tenir compte, comme dans d’autres pays, de leurs aptitudes pédagogiques.

Éric Maurin situe la question de l’école dans le long terme, au-dessus des agitations de l’immédiat. Il est urgent de lever la tête pour regarder les succès du système éducatif, si l’on ne veut pas que la politique de ces dernières années remette en cause le long chemin parcouru. Ce qui nous oblige ainsi à une réflexion de fond sur un sujet inévitable pour préparer l’avenir : le malaise qui traverse l’école et l’université, et qui ne saurait être ignoré. Et si la clé est à la maternelle, cette clé doit ouvrir la porte des études supérieures pour tous, à l’heure des exigences du marché du travail et de la mondialisation de l’économie comme des échanges culturels.

Notes

[1] Responsable national du Parti socialiste en charge de la consommation, Conseiller régional des Pays de la Loire