Annie, 29 ans, est infirmière.

Agente de la fonction publique hospitalière, elle travaille sans vraiment compter ses heures. Quand elle dépasse son temps de travail, elle n’est jamais payée en heures sup’, mais obtient des repos compensateurs. De toute façon, elle n’imaginerait pas faire davantage d’heures, parce que dans son métier travailler plus revient à mettre en danger la vie des patients dont elle a la charge.

Boulanger, Éric, 55 ans,

commence à travailler à 3 heures du matin. Il est artisan et travaille à son compte. Qu’il travaille encore plus ne changerait rien à sa rémunération qui dépend exclusivement des demandes de ses clients. Ce qui l’arrangerait, c’est que l’emploi reparte et que de nouveaux salariés achètent sa production. Pour Éric, travailler plus dépend du fait que tous travaillent.

Dominique, 36 ans, marié et père de 3 enfants, est technicien.

Il travaille dans une entreprise familiale qui emploie une dizaine d’employés. Celle-ci connaît actuellement des difficultés. Dominique ne peut donc pas faire d’heures supplémentaires. Et d’ailleurs, lorsque l’entreprise allait mieux, seul Arthur, le neveu du patron, s’est vu proposer des heures sup’. Les supplémentaires, c’est le patron qui décide, pas le salarié.

Nadine, 32 ans, mère célibataire, est caissière dans un supermarché bien connu.

Travailler plus, elle adorerait ! Elle travaille à temps partiel, parce que son employeur lui refuse un temps plein. Quelques heures le matin, quelques heures le soir, son emploi du temps change tous les jours. Mais elle ne peut pas venir travailler le samedi car elle n’a personne pour garder son fils Tristan.

Avant de « travailler plus », Pierre, 46 ans, aimerait travailler tout court.

Il est chômeur depuis que son entreprise a choisi de « dégraisser » pour satisfaire ses actionnaires. Alors faire des heures supplémentaires, c’est un rêve inaccessible. Pour lui, quand les heures supplémentaires coûtent moins chers au patron que les heures normales, c’est la perspective de l’emploi qui s’éloigne, et c’est la porte ouverte au chômage de longue durée !

Chipés dans L’hebdo des socialistes n°439