Mot-clé - paix

Fil des billets

mardi 20 juillet 2010

Villeneuve

« La Villeneuve brule », « Saint-Aignan s’enflamme », « nouvelles poussées d’ultraviolence », … les médias s’enflamment c’est sûr et les titres racoleurs attisent le goût du sang et le voyeurisme de la bête qui est en nous.

Maquette Villeneuve Wikicommons Vue Villeneuve par Google

Pourtant ces deux événements que les coïncidences de l’actualité font se télescoper dans les petites lucarnes ont manifestement un point commun : l’illégitimité de la police.

Dans les deux cas, c’est l’esprit –si j’osais je dirai l’essence même – des forces de l’ordre qui est remise en cause. On voit bien que ce qui peut paraitre « normal » pour une part[1] de la population : un malfaiteur[2] tué par les forces de l’ordre prend tout de suite des proportions dramatiques pour les « groupes d’appartenance ». Ces groupes présupposent (souvent d’expérience) que la police, la gendarmerie, les forces de l’ordre n’ont pas fait preuve de la retenue, de la délicatesse, du tact et de la mesure nécessaire dans l’exercice de leur mission.

Ces forces de l’ordre ne paraissent pas, a priori, légitimes et, a priori, on ne leur concède pas le bénéfice du doute. S’il y a eu un acte grave, a fortiori, un drame c’est forcément une bavure.

Ces deux événements récents montrent que pour certains groupes, les forces de l'ordre interviennent de manière systématiquement, à leurs yeux, anormale et qu'il est légitime de les contester.

Quand cette intervention amène à la mort d'un homme, la question mérite en tout cas d'être posée sans pour autant excuser quelques violences que ce soient. Mais il est vrai que les discours crispés et les méthodes martiales ne favorisent pas le retour à l'ordre. Je serai curieux de savoir dans quelle mesure une déclaration d'une ministre de la justice venue sur place pour déclarer l'ouverture d'une enquête indépendante par la nomination d'un juge, aurait plus apaisé une population à vif et quelques jeunes qui cherchent tout prétexte pour "en découdre" comparée aux effets d'annonce de l'envoi d'inspecteur du fisc pour faire la chasse aux fraudeurs. Question de stratégie à l'évidence ! Si on veut la paix pourquoi ne pas avoir un discours apaisant ? Un discours ferme rappelant la nécessité de l'ordre mais aussi une parole humaine parce que, quoi qu'il en soit, un homme est mort. Et même si, comme on nous le répète à l'envi, ce n'était pas un saint, ses proches, ses amis, sa famille sont tristes. Il n'est pas d'homme qui mérite de mourir.

Notes

[1] « il l’a quand même cherché » entend-on parfois dans les cafés du commerce

[2] présumé, innocent jusqu’à ce qu’un tribunal en ait décidé

jeudi 4 juin 2009

Aleïkoum salamm, mister president

A new beginning

Le discours de Barack Obama "A new beginning" traduit en français par les services de la Maison blanchetélécharger au format pdf, 14 pages, 82,6 Ko ; licence CC)

Je vous remercie. Bonjour à tous. C’est pour moi un honneur de me trouver dans cette ville intemporelle qu’est le Caire et d’être reçu par deux institutions remarquables. Depuis plus de mille ans, Al-Azhar est un haut lieu de transmission du savoir dans le monde musulman et, depuis plus d’un siècle, l’université du Caire est une source de progrès pour l’Égypte. Ensemble, vous représentez l’harmonie entre la tradition et le progrès. Je vous suis reconnaissant de votre hospitalité et de celle du peuple égyptien. Je suis fier aussi de vous transmettre la bonne volonté du peuple américain et une salutation de paix de la part des communautés musulmanes de mon pays : « Salamm aleïkoum ».

vendredi 27 mars 2009

Le projet Aladin, une épître à la conscience

Projet Aladin

Pas facile (encore) de trouver l'adresse du site internet du Projet Aladin www.projetaladin.org, pourtant cette initiative pour chiraquienne qu'elle soit se doit d'être saluée et mieux référencée.

La Shoah a été sans aucun doute l'une des plus grandes catastrophes humaine de notre temps. Un événement dont l'Histoire conservera la marque. En tant qu'hommes, notre devoir est de dire la vérité quand il s'agit d'événements historiques, même si cela peut nous déranger politiquement.

Il y va donc de notre responsabilité d'intellectuels, historiens, enseignants, universitaires, écrivains, ou de quiconque qui a une langue pour parler ou de l'encre pour écrire, de briser les murs de l'indifférence, du silence et des préjugés.

L'appel à la conscience mérite d'être cité in extenso :

Nous vivons une époque de turbulences. La mondialisation progresse à toute allure et, avec elle, l'interdépendance des peuples, des sociétés et des cultures. L'information passe à la vitesse de la lumière. La circulation de l'argent, des biens et, à un degré moindre, des être humains est sans précédent. Franchissant les frontières, les valeurs et les idées pénètrent partout. Les gens sont plus proches qu'ils ne l'ont jamais été.

Et pourtant, toutes ces évolutions n'ont pas rendu le monde plus pacifique : tout au contraire, ce monde moderne de vitesse, de pouvoir et de communications instantanées n'est pas parvenu à combler le fossé grandissant entre les civilisations et les cultures.

Confrontés tous les soirs, devant nos écrans, à toujours plus d'images sanglantes d'hostilité et de haine, nous voyons ces vagues de violence déferler jusqu'à notre porte.
Cela est particulièrement évident dans les relations qui existent aujourd'hui entre Musulmans et Juifs. Les cœurs et les esprits sont lourds d'histoires sacrées, de traditions de souffrance, et de préjugés. La compréhension par les Musulmans de l'Histoire des Juifs, comme la compréhension de l'histoire des Musulmans par les Juifs est pervertie par des mythes et de la malveillance, qui les rend insensibles à la souffrance de l'autre, passée et présente.

Mais, parmi les nombreux sujets qui nous divisent, il y en a un qui doit être exclu du champ politique, idéologique et religieux.
Il s'agit de la Shoah, le génocide nazi au cours duquel six millions de Juifs d'Europe ont été massacrés.

Or nous constatons avec inquiétude que, moins de soixante ans après cette tragédie, les thèses négationnistes progressent à toute allure dans le monde musulman.
Les Musulmans savent d'expérience que nier une vérité dont l'importance morale est liée à la souffrance humaine, est une offense inutile et une blessure profonde.
Chaque civilisation honore la mémoire de ses morts, et ce respect passe aussi par celui des circonstances dans lesquelles ils sont morts. C'est donc une grave offense que de réécrire l'Histoire pour des motifs politiques.

De plus, l'Islam reconnaît le judaïsme et le christianisme comme des religions révélées. Les Musulmans considèrent les Juifs et les Chrétiens comme des frères appartenant au «Peuple du Livre» qui partagent tous le monothéisme d'Abraham.

Juifs et Musulmans, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ont vécu ensemble pendant des siècles et, s'il est vrai que les Juifs furent souvent victimes de discriminations dans le monde musulman, ils furent rarement persécutés. A la différence de leur sort en terre chrétienne, les Juifs n'ont pas été contraints d'abjurer leur foi. Les premiers stéréotypes antijuifs sont apparus, dans le monde musulman, au XIXe siècle, lors de la conquête du monde musulman par les puissances coloniales européennes. Il importe de le rappeler.
Dans le monde musulman, et face aux extrémistes qui se dépensent pour propager les thèses négationnistes, nous pensons que des millions de Musulmans sont ignorants et sont donc en mesure d'écouter les leçons de l'histoire et de la vérité.

Nous croyons que l'enseignement de la Shoah dans le monde musulman, particulièrement auprès des jeunes générations, peut contribuer à faire d'eux des hommes et des femmes de bien, capables de lutter pour la justice et de remplacer la violence par le dialogue. C'est dans cet esprit que chacun d'entre nous, historiens, universitaires et intellectuels de foi musulmane, juive, chrétienne ou d'autres encore, venant de pays différents, nous nous sommes réunis afin de diffuser un enseignement précis sur la Shoah, dans les langues parlées en terre d'Islam. Nous souhaitons ouvrir un dialogue ouvert et promouvoir la connaissance et la compréhension de l'autre, et la paix.

Notre projet est indépendant. Il n'est affilié à aucun gouvernement, à aucun mouvement politique. Nous comptons sur le pouvoir de la raison, de l'éthique et de la justice de la société civile, pour le mener à bien, car nous sommes convaincus que ces valeurs nous aideront à surmonter toutes les barrières qui se dresseront sur notre chemin.
Nous pensons que la Shoah, catastrophe sans précédent, transcende toutes les divisions politiques, religieuses, ethniques et culturelles.

Nous en appelons à tous les hommes et toutes les femmes de conscience dans le monde pour qu'ils apportent leur soutien à ce projet de vérité.